Les détails du projet de loi visant à mettre sur pied une` Prosecution Commission`sont maintenant connus. Les réactions négatives n`ont pas tardé et elles dépassent les frontières mauriciennes. L`image de Maurice aura déjà subi un rude coup. Mais il semblerait que Jugnauth ne changera pas d`avis. Il a eu le culot de blâmer Bérenger de l`avoir fait quand il était Premier Ministre et il faut entendre par là que tel n`aurait pas été le cas s`il avait continué d`occuper le poste jusqu`à 2005. Il omet cependant de dire que c`est précisement à cause d`une série de commentaires négatifs que le Gouvernement d`alors dont fesait partie le MSM, avec Pravind Jugnauth au premier plan et aussi le trés vocal Collendavelloo qui menait l`assaut en tant que` back-bencher `contre ce que les champions de la démocratie appellaient à l`époque ” une atteinte frontale au fondement même de la séparation des Pouvoirs.” Le `législatif ne saurait s`ingérer dans les affaires du Judiciaire`. C`est le langage qu`on entendait de l`intérieur des deux Partis qui constituaient le Gouvernement à cette époque là. Pour ceux qui ont la mémoire courte les deux Partis en question étaient le MMM et le MSM… et il y avait aussi un certain PMSD sans Duval, qui lui avec son PMXD, lançait ses missiles contre le projet, aux côtés de Navin Ramgoolam, leader de l`Opposition à la même époque. Donc la première grande vérité est celle-ci: Même si le projet de loi était à l`époque piloté par Paul Bérenger en tant que Premier Ministre et que ce même projet fut abandonné par la suite, c`est toute l`équipe gouvernementale qui doit en assumer la responsabilité de la décision finale. Et c`est tout à leur honneur de n`avoir pas insisté avec une loi qui ne cadrait pas avec “l`âme mauricienne”, cette même âme qui avait inspiré SSR à retourner vers les urnes en 1976 comme un vrai démocrate, et à réussir à former un nouveau Gouvernement. SSR et Bérenger avaient eu le mérite d`écouter la voix du peuple et des esprits éclairés. Jugnauth n`est pas sourd; il entend lui aussi les bruits de la rue. La différence c`est que lui , il a des intérêts familiaux à défendre et pour y arriver, il est prêt, comme il a l`habitude de le dire, à “envoye zot tou promener”. La deuxième vérité est la suivante: Jugnauth et ses suiveurs clament qu`ils sont en train de faire ce que de nombreux pays démocratiques l`ont fait déjà c-a-d rendre le DPP redevable à la nation pour toutes ses décisions. Dans la présente situation, sans la Commission , n`importe quel citoyen mauricien peut contester une décision du DPP devant la Cour Suprême. S`ils ne sont pas satisfaits de certaines décisions prises par le DPP actuel, Jugnauth et ses acolytes n`ont qu`à faire ce que le citoyen Mohit avait fait dans le passé. Et dans leur cas ils n`auront même pas à aller jusqu`au Privy Council car ils peuvent loger leur contestation devant la Cour Suprême de Maurice. Pourquoi ne le font-ils pas ? Ravi Rutnah a craché le morceau. La `Prosecution Commission ` vise Navin Ramgoolam et pour s`assurer une réussite de 100% il faut autre chose que la Cour Suprême. D`où l`urgence de cette Commission qui aiderait en même temps à tirer d`affaire le PM -in -waiting, Pravind Jugnauth. Bérenger a doublement raison de ne plus vouloir de cette Commission car” l`acountability” du DPP a été déjà acquise avec le verdicct du Privy Council dans l`affaire Mohit. Le leader du PTR adopte le même raisonnement. Tous les juristes honnêtes et toutes les personnes de bon sens sont du même avis. Le peuple entier pense pareil. Alors pourquoi persister? La réponse est simple: parce que pour Anerood Jugnauth ce n`est plus l`accountability du DPP qui compte mais c`est la vengeance contre Navin Ramgoolam et le sauvetage de son fils qui comptent le plus !! La troisième vérité est encore plus accablante : Si Jugnauth pense que l`immunité et l`indépendance du DPP, même dans leurs formes actuelles sont inacceptables alors pourquoi ne remet-t-il pas en question les autres instances où les occupants jouissent d`une indépendance encore plus totale: le Commissaire de Police, le Commissaire électoral et l`Ombudsman ? Nous pensons que ces postes là méritent la garantie d`indépendance inscrite dans la Constitution et qu`il ne faut pas y toucher. Nous pensons que le DPP aussi devrait jouir du même statut quoique un peu dilué désormais suite à ce jugement du Privy Council. Nous ne fesons aucune discrimination; nous refusons d`être sélectifs; nous agissons sur une question de principes et au nom de la Moralité. Anerood Jugnauth est obsédé par le sort de son fils et la soif de vengeance contre Navin Ramgoolam. C`est là toute la différence ! Pour arriver à sa fin Anerood Jugnauth n`a pas besoin de la Cour Suprême. Il a besoin de marionettes. Qui vont répondre à l`appel? B.K